Depuis notre dernière Assemblée générale, il y a 364 jours, notre Comité a tenu quatre séances ordinaires et organisé deux rencontres avec des représentants d’autorités. Il a eu la joie d’admettre plusieurs nouveaux membres au sein de la CRPF, mais aussi le regret d’enregistrer quelques démissions et la tristesse d’apprendre plusieurs décès.
Le Comité s’efforce de susciter des adhésions, et je vous encourage à faire de même. Je suis convaincu que nos actions présentes et à venir, combattives mais pacifiques, sauront séduire de nombreux Fribourgeois et Fribourgeoises attachés à l’identité francophone d’une grande partie de leur canton.
Comme nous l’avons vu tout à l’heure, nous avons dû faire face à la démission d’Erika Schnyder, membre du Comité depuis 2021. Nous l’avons vivement regretté et avons dûment remercié notre Collègue pour son précieux apport durant deux ans.
La succession d’Erika Schnyder est officiellement assurée depuis quelques minutes, et je vous en remercie : nous avons été très heureux d’accueillir Catherine Agustoni au sein de notre équipe. Sa formation en lettres et sa carrière à l’Administration de la Commune de Fribourg, en particulier comme Secrétaire de Ville, en ont fait une experte dans les thèmes qui nous occupent.
Autre changement – temporaire celui-ci : notre Secrétaire, Luana Taveau, a donné naissance le 1er avril à son deuxième petit garçon. Elle est donc en congé pour quelques mois, et pour son remplacement, nous avons fait appel à Lilian Daum. Lilian Daum a travaillé de nombreuses années à l’Université de Fribourg. Elle s’est très rapidement familiarisée avec nos thèmes de discussions et nos tâches administratives.
La Communauté Romande du Pays de Fribourg va prochainement améliorer sa visibilité grâce à un nouveau site Internet, dont la mise en ligne est imminente. Son adresse sera tout simplement www.crpf.ch Notre messagerie est déjà opérationnelle à l’adresse contact@crpf.ch Nous mettons également au point une nouvelle identité visuelle, que vous découvrirez lors de nos prochains courriers.
Quant aux principaux dossiers qui nous occupent actuellement, ils sont au nombre de trois :
- Future loi cantonale sur les langues:
L’élaboration de l’avant-projet de loi sur les langues est en cours au sein de la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF). Après notre rencontre avec le Conseiller d’Etat Didier Castella, en 2021, nous avons demandé d’être intégrés aux réflexions sans attendre. Mais la DIAF entendait progresser en vase clos jusqu’à la procédure de consultation. Tout au plus le chef de projet, Christophe Maillard, a-t-il consenti à rencontrer votre Président de manière informelle. Cela m’a permis de le sensibiliser à certains aspects et de lui remettre un document important, qui vous avez reçu l’automne dernier et qui s’intitule « Eléments nécessaires ou souhaitables dans la future loi sur les langues ». Nul doute que si le projet de loi ne correspond pas à nos propositions, nous ferons à nouveau valoir – et très clairement – ces éléments lors de la procédure de consultation et, le cas échéant, lors des débats parlementaires.
La DIAF a annoncé que la consultation sur l’avant-projet de loi sur les langues aurait lieu d’ici mi-2024.
C’est l’occasion de signaler que la CRPF a demandé d’être consultée sur tous les projets législatifs en lien avec les langues, qu’il s’agisse d’enseignement ou d’aspects institutionnels. Le Conseil d’Etat a accepté cette demande.
- Enseignement des langues par immersion:
Depuis l’an 2000, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts… de la Sarine et de la Singine. Deux mille, c’est le référendum mémorable qui a fait tomber le projet de loi pour l’apprentissage de la deuxième langue par immersion. Une des grandes victoires historiques de la CRPF, qui considérait que ce projet violait le principe de territorialité des langues contenu dans la Constitution et dans la loi scolaire. Au fil des ans, les partisans de l’immersion forcée, fort bien représentés à la DFAC et au Grand Conseil, sont parvenus à modifier la loi scolaire : en son article 12, on trouve aujourd’hui à peu près ce que le peuple a refusé le 24 septembre 2000.
La loi est complétée par un Règlement, par une Conception et des Instructions sur l’apprentissage de la « langue partenaire ». Tout ce dispositif prévoit aussi la création de classes bilingues dès l’école enfantine. Là, on est dans le facultatif, l’entrée en classe bilingue étant un choix de l’élève et de ses parents. Et jusqu’ici, seules deux classes ont été ouvertes, dans le cadre d’un projet-pilote à l’école de la Vignettaz à Fribourg.
En résumé, l’immersion linguistique est en marche, attention à ne noyer aucun enfant ! La CRPF est préoccupée par les effets de l’enseignement de certaines branches dans une langue étrangère. Elle observe aussi que le système mis en place permet de grandes différences, donc des inégalités, entre les classes d’une région et d’une autre, d’une commune et d’une autre, d’un étage et de l’autre…
Votre Comité a pris contact avec les responsables de ces projets à la DFAC. Deux d’entre eux ont très aimablement accepté de nous rencontrer pour répondre à nos nombreuses questions. Cette rencontre aura lieu au mois d’octobre.
- Place du français à l’Université de Fribourg :
Aujourd’hui, la place du français à l’Université n’est plus ce qu’elle devrait être. Côté étudiants, la proportion de germanophones est nettement plus élevée que dans la population du canton. Cela ne nous dérange pas en soi, car l’établissement est ouvert à tous et on ne va pas y décréter des quotas par langue. Mais quand on entend la future Rectrice annoncer parmi ses priorités « le maintien du nombre d’étudiants germanophones », on croit rêver !
Quant au corps professoral, il se germanise régulièrement et, semble-t-il, de manière planifiée. Souvent, il s’agit moins d’engager des professeurs suisses alémaniques que des Allemands. Là non plus, nous n’allons pas jouer les racistes, mais prendre garde aux changements de culture que peuvent entraîner ces déséquilibres. Le Comité est en train de constituer un dossier sur la question. Il abordera ensuite les autorités de l’Uni et de l’Etat.
Je reviens aux deux rencontres évoquées en introduction.
Le 8 octobre, nous avons rencontré la Préfète de la Sarine, Lise-Marie Graden. Nous souhaitions la rendre attentive à nos préoccupations, aux dispositions légales concernant les communes de son district et à leur situation linguistique. La Préfète s’est montrée disponible et nous a écoutés avec intérêt. Jusqu’à cette date en tout cas, elle s’était systématiquement exprimée en français dans ses discours. Et elle a bien l’intention de respecter la législation en vigueur.
Le 8 février, nous avons organisé un apéritif de présentation de notre association aux Député-e-s, dans le magnifique Espace des Pas perdus de l’Hôtel cantonal. Une douzaine d’élu-e-s de tous bords politiques y ont pris part. Ils et elles se sont montré-e-s très attentifs à nos propos, et les échanges ont certainement été bénéfiques pour les uns et les autres. Le plus beau résultat de cette rencontre est l’adhésion à la CRPF, sur-le-champ, de deux Député-e-s : Catherine Esseiva et Sébastien Dorthe. Pour une association telle que la nôtre, il est très important d’être représentée au Grand Conseil. Ce n’était plus le cas depuis le départ d’Erika Schnyder. Nous nous réjouissons de collaborer avec Catherine Esseiva et Sébastien Dorthe à chaque occasion opportune.
Signalons enfin une sortie aussi instructive qu’agréable : le 8 mars, notre Comité – élargi pour la circonstance – a visité le Palais fédéral à l’invitation d’un guide de choix, notre ami Dominique de Buman, ancien Président du Conseil national. Nous avons pu assister à une partie du débat du Conseil national sur les réexportations d’armes. Point chaud de l’actualité en pleine guerre en Ukraine ! Cela nous rappelle qu’il y a des causes plus dramatiques que les nôtres à défendre… mais aussi que le respect de l’identité des peuples est fondamental.
Fribourg, le 29 août 2023 Antoine Geinoz